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lundi, novembre 14, 2005

Selon L’humeur

« Est-ce que je ne peux pas dormir dans ton lit plutôt que dans l’autre, il fait un peu froid et ton lit est très grand ? ».

C’est Rob qui me dit cela. Je l’ai rencontré physiquement qu’aujourd’hui. C’est un des meilleurs amis de mes meilleurs amis qui ont passé un an au Canada. Il est revenu les voir et comme il voulait visiter l’Italie ils m’ont demandé si je pouvais l’héberger.
C’est quelqu’un d’agréable avec qui il est facile de discuter. Il voudrait parler français qu’il essaie d’apprendre mais finalement on ne parlera qu’anglais. Il est homo aussi et est avec son copain depuis onze ans. En une soirée on a fait le tour de beaucoup de choses et de nos vies sexuelles il m’a invité au resto et on est allé boire un verre dans un bar gay de Florence (il voulait absolument voir la « gay scene » de Florence)

Je suis un peu étonné par sa hardiesse et je ne sais pas quoi répondre sinon acquiescer. Le lit que j’ai mis à cinq mètres du mien (comme je l’avais dis à A. qui était un peu jaloux que je l’héberge) est un peu pourri c’est vrai, c’est un lit pliable avec un matelas très fin complètement détruit au niveau de la pliure où j’ai du mettre deux coussins en dessous pour masquer l’usure. Et je veux être un « good host », déjà que je n’ai pas beaucoup de temps à lui accorder à cause de mes révisions, je peux au moins lui laisser ça…

A cet instant je sais qu’il n’est pas contre avoir plus qu’un lit pour dormir. Mais je me dis que j’ai confiance en moi et que je sais ce que je veux. Et bien sûr l’idée de dormir avec un inconnu m’excite. Même si pour le moment elle reste tapie dans les profondeurs de mon inconscient.

La première nuit rien ne se passe. Il m’embrasse sur la bouche pour me dire bonne nuit en plaisantant que si je veux me servir de son corps dans la nuit il n’y a pas de problème. Dans ma tête le petit Régis naïf se convainc que « c’est juste un geste d’amitié » tandis que le vieux retors se fout de sa gueule et rit à gorge déployée, satisfait de cette nouvelle situation qui pourrait apporter de nouveaux développements intéressants.
Cette nuit là, j’ai très mal dormi me planquant tout au bord lu lit, un peu effrayé, n’osant pas bouger de peur d’éveiller quoique ce soit pendant qu’il ronflait comme un loir. Le lendemain il est parti à Rome pour deux jours donc je suis tranquille. Bien sûr les idées trottent dans ma tête : que va-t-il se passer au retour ?

Le lendemain de nouveau un homme dans mon lit. Cette fois-ci le baiser de bonsoir est un peu plus appuyé et il y a plus de contact. On se serre l’un contre l’autre et il me dit qu’il me trouve mignon et qu’il ne serait pas contre un peu plus. Je lui dis que j’aimerais bien aussi (l’ERREUR !!) mais que je ne veux pas trahir A. à qui j’ai laissé la possibilité de faire ce qu’il veut à condition qu’il me raconte tout et à qui j’ai promis de rien faire. Un contrat est un contrat que j’entends respecter. On se sépare et on remet un peu de distance entre nous deux.

Sauf que…
Ça fait plus d’un mois que je n’ai pas fait l’amour et que je n’ai pas vu mon amour. Depuis la journée à Rome. Je suis en révision pour des examens que je sais vais rater et je me sens en échec avec un grand besoin de valorisation et d’estime de soi. Ce n’est pas tellement le sexe qui me manque, (je me satisfais très bien tout seul), mais le contact et la chaleur d’un autre corps, le besoin de créer le désir et le satisfaire. Tout cela se mélange dans ma tête et c’est moi qui vais refaire le premier pas. Un pied qui va lentement à la rencontre de celui de l’autre pour adroitement créer un contact qui se transformera peu à peu en caresses plus appuyées qui conduiront à un enlacement inévitable.

On se caresse et on se serre l’un contre l’autre. On s’embrasse à pleine bouche. C’est très maladroit, je suis étonné parce qu’il a un peu plus de trente ans et donc beaucoup plus d’expérience que moi et donc logiquement il devrait savoir mieux embrasser. Je me souviens que j’ai toujours eu du mal à embrasser correctement des inconnus. J’ai l’impression que c’est pire que mon premier baiser. Je ne suis plus aussi sûr de moi et l’inévitable conclusion que je n’avais plus eu depuis que je suis avec A. me frappe de plein fouet : « Merde, tout ça pour ça. C’est pas vrai j’ai encore déconné... »

On commence les choses plus sérieuses et j’ai sa bite en main. Il veut me sucer mais je l’en dissuade. Il ne faut pas déconner quand même on ne va pas être aussi intimes ! Je dois garder un peu d’innocence pour mon chéri. (
Les baisers ne s’arrangent toujours pas et j’en suis toujours étonné. J’essaie tout ce que je peux pour améliorer les choses mais rien n’y fait. Un autre problème s’ajoute à cela : il est circoncis et je n’ai eu un fois ce genre de chose à manier et je ne me souviens plus trop de la méthode à suivre. Heureusement j’ai du gel et ça revient vite en mémoire. C’est comme le vélo ça ne s’oublie pas ces choses là. Mais bon ça va se résumer à le branler pendant qu’il est sur le dos. Il vient en deux minutes. Je suis assez satisfait de ma performance mais un peu déçu.

On passe à mon tour et là la déception continue, dans ma tête je lui avais associé une expérience qu’il n’a pas l’air d’avoir. Je ne ressent rien et il s’y prend mal. Je lui dis d’arrêter, le rassure, et je me finis moi-même pendant qu’il me caresse.

Une fois fini, on s’endort l’un contre l’autre en cuillère pendant un moment. C’est le meilleur moment. Il a une peau très douce comme je n’en ai jamais touchée. Il est plus petit que moi et c’est très différent d’A.

J’ai les yeux grands ouverts et je n’arrive pas à croire ce que j’ai fait. Bien sûr je me doutais bien que ça allait finir comme ça quand je l’ai laissé dormir avec moi mais une partie de moi pensait naïvement que je pouvais y résister. Perdu.

On l’a refait deux fois ensuite. C’est toujours le premier pas qui est le plus difficile à franchir. Une fois le matin suivant et une autre fois le lendemain matin après qu’il soit rentré après s’être fait branler dans une voiture garée dans un belvédère avec une vue magnifique sur Florence par un italien qu’il avait dragué dans un bar. Les baisers allaient beaucoup mieux mais la pratique restait toujours la même. Je le faisais venir en deux minutes et je me terminais.
Il m’a dit que son copain se plaignait un peu de son comportement un peu passif and peu imaginatif lorsqu’ils faisaient l’amour (qu’ils font rarement). Je peux le comprendre.

Ensuite le reste de la journée venait le sentiment de culpabilité et sa réaction contraire, la défense de ce que j’avais fait, les circonstances atténuantes, « branler c’est pas tromper », le rappel aux sentiments et l’analyse des faits.

. Je suis tombé sur une chanson d’Autour de Lucie que j’ai écouté toute la journée en révisant au bord des larmes (d’ailleurs tout l’album a des chansons sur la trahison et les promesses perdues). Une chanson très courte et lancinante qui résonnait dans ma tête comme une accusation de ma défaite:

« Reste une minute encore,
il faudra bien un jour,
parler de cet ennui, qui nous pousse à l’erreur,
pour se faire des remords,
ajustés à nos corps, portés sans aucun goût et qui selon l’humeur… sans pudeur nous implorent… à genoux. D’être toujours des leurs … alors qu’on en perdait le goût. »

N’importe quoi.

Posted by Endy at 18:58

 
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