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A Florence, je ne vais pas au cinéma très souvent. Premièrement parce que je n’ai pas le temps, et deuxièmement parce que tout est doublé et que j’ai vraiment du mal avec le doublage, même si ça pourrait m’aider à apprendre italien. C’est triste, ça fait quatre mois que je suis là bas et je n’ai même pas un niveau de base. Je passe ma journée à parler anglais et à rester dans le microcosme de l’école. Pas moyen de s’évader quand on est en économie ! Du travail par-dessus la tête, jours, nuits et week-end compris. Contrairement aux autres disciplines (droit, histoire, sciences politiques), on a une maison à nous éloignée des autres par vingt minutes de bus (autrement dit étant donné que le bus passe toutes les vingt minutes dans le meilleur des cas, une distance infranchissable).
Au bout de quatre mois j’étouffe déjà et je hais cet endroit. Et je suis en échec scolaire, ce qui est plutôt amusant à mon âge, la première année de thèse s’étant révélé une année de sélection impitoyable pour pouvoir vraiment démarrer, au lieu de l’année de « mise à niveau » promise. C’est la pire année que j’ai connue, toute mes années de prépa (même celle de l’agrég) c’était des vacances à côté. Mon quotidien se résume en gros à faire des maths toute la journé. Je refais quasiment tout ce que j’ai fais avant avec des « vrais mathématiques », du pur jus, du gros qui tâche. Avec ça même les trucs les plus simples que j’ai déjà faits auparavant se révèlent d’impitoyables massacreurs de neurones.
Parfois je déconnecte en cours pour conserver ma santé mentale et j’observe d’un œil étonné le tableau qui se résume à une suite de formules cabalistique qui ne semble vraiment avoir aucun lien avec l’économie. Les meilleurs de ma classes sont des mathématiciens (qui pour certains n’ont presque pas fait d’économie) et les questions se limitent non pas à des concepts économiques mais sur la dérivabilité de certaines variables, à leur domaine de définition, ou encore aux conditions nécessaires et suffisantes pour que le résultat existe et autres joyeusetés de ce genre. Le cours de macroéconomie du deuxième semestre a commencé par huit heures dédiées à démontrer que les conditions qui nous permettaient d’utiliser certains outils pour trouver une solution sont bien vérifiées. Et le pire c’est que ce qu’on apprend n’est même pas exploitable, car ce sont des conditions idéales que l’on ne trouve pas dans la « réalité » (si celle-ci existe, parfois je me demande). Mais le plus ironique c’est qu’apprendre cela est nécessaire car la moindre déviation du modèle pour le rendre plus conforme à celle-ci engendre des problèmes sans fins (oh merde je ne peux pas dériver, oh merde il y a plus d’une solution, oh merde je trouve une consommation négative jusqu’à la fin des temps, tant pis ils n’ont qu’à jeûner ces cons, le régime c’est bon pour la santé). Dans le cas où il aura réussi à ne pas se faire virer en mars (aie plus qu’une chance) et en juin (ben oui mars c’est juste à avoir le droit de passer le rattrapage mon cher) le travail gratifiant de chercheur lui ouvrira les bras. Pour certains, cela consistera à lever une petite hypothèse (une seule à la fois!) trop restrictive pour être vraiment exploitable et à essayer modestement d’expliquer quels sont les effets sur le modèle, les putains de consommateurs et entreprises, la société, le gouvernement, le changement climatique, les dieux et ma mère, dans un article qui ne pourra seulement être compris par ses « pairs » (et encore pas tous).
Mais ça m’a l’air diablement excitant tout ça ! J’en ai l’eau à la bouche…
Oups… Bon ben c’était juste une toute petite digression. Même dans un désert cinématographique, j’arrive (avec peine) à rester un peu au courant de ce qui se passe :, grâce à une connexion internet de merde (qui ne me permet même pas d’appeler mon chéri sur skype car trop lente) que j’ « emprunte » à une société basée dans mon immeuble (ce n’est quand même pas de ma faute si mon ordinateur se connecte automatiquement à elle, ils n’ont qu’à la protéger !). Le signal est tellement faible que je dois me trainer sur mes genoux par terre avec mon ordinateur pour essayer de trouver le signal le plus fort, (merci la technologie, je suis retourné au stade de l’australopithèque).
Bon il faudra que je remplisse les cases, trop fatigué pour le moment.
- The Rocky Horror picture show
- The taste of tea
- Aeon Flux
- Romanzo criminal
- The descent
- Le temps qui reste
- An history of violence
- The Raspberry Reich
- Bully
- My own private Idaho
- But I’m a cheerleader!
- Angel in America
Posted by Endy at 00:08
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